1 février 2008

Balakumaran

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A peine réveillés et encore très fatigués… les mêmes images… des enfants alignés dans la cour, la main sur le coeur, chantent l’hymne national. Notre expérience d’hier nous fait redouter le pire mais nous sommes agréablement surpris par l’ambiance joviale et positive qui règne dans cette école de 1500 garçons. J’apprends à relativiser ces images de discipline. Ici, dans cette école, elles ne sont pas synonyme de cruauté. Les adultes agissent avec sincérité pour le bien de ces enfants. La comparaison avec notre école de la IIIème République me vient à l’esprit… beaucoup de défauts et d’abus certes mais quel travail accompli ! Il faut peut-être en passer par là quand on se retrouve face à tant de misère, tant de gamins d’origines culturelles et sociales si différentes…

Nous arrivons ensuite dans un village d’intouchables de 1500 âmes… Ici, il n’y a vraiment rien… La plupart des adultes sont sans emploi ou journaliers dans les champs… la survie. On me parle de bagarres récurrentes, d’alcool… Les femmes sont fascinées par mon appareil photo numérique qui permet de se voir instantanément… un portrait puis deux… elles se pressent toutes avec leur gamin pour être immortalisées, je me transforme en photomaton… L’un des enfants que je rencontre me touche plus que les autres, c’est souvent comme ça… inexpliquable et peut-être injuste… mais voilà, je suis ému par son regard vif, par sa fragilité… je crois que je devais un peu lui ressembler à son âge. Il s’appelle Balakumaran, il a 14 ans, travaille bien à l’école et veut devenir ingénieur en informatique ! Quel décalage entre son ambition et son milieu d’origine ! Ce destin en herbe me touche, j’ai envie de le protéger, de l’aider à réaliser son projet de vie, son rêve… Le temps d’un contact comme celui là, je sens qu’on pourrait bien s ‘entendre tous les deux. On passe toute la soirée ensemble. Je lui promets d’envoyer des photos ( et je le ferais!) , je lui laisse mon adresse email… il m’offre un petit livre avec des extraits de nouvelles de Dickens et autres classiques anglais. Il faut déjà partir, mon coeur se fend en deux…

Vincent

Réflexion à 4 mains, chambre 107.

On se fait un massage… au bout de dix spectacles… c’est la veille du jour off ! Nous avons eu une très belle journée. Contrairement à hier, l’école de garçons ( 1500 !!!! ) était très émouvante. Nous étions attendus et le principal avait bien préparé les choses , remise de médailles aux profs, démonstrations d’arts martiaux indiens… Ici, malgré le nombre, pas de débordements, un public attentif et bien cadré ! Comme quoi, la personnalité d’un principal peut changer tout un établissement… Ce soir, c’est un nouveau village Dalit, encore un nouveau lieu pas repéré. Décidément, on se demande avec Alain pourquoi on a passé tant de temps à choisir des villages, des lieux appropriés… Enfin… zen ! Tout ceci restera dans les annales de “mysterious India” !

La petit place n’attendait que nous, les enfants sont fous de joie et nous oublions de suite les galères, la fatigue… Très vite, on se rend compte qu’il faudra choisir entre le son et la lumière… On choisira le son, la lumière viendra plus tard quand on y verra vraiment plus rien !!! On a l’impression de jouer en mineur surtout que nos cordes vocales (à Benoît et moi) ont souffert. La climatisation, les seaux d’eau, les cris, les courants d’air ont eu raison de notre organe. Demain, journée de repos: lessive, course, relaxation…

Doriane.

Je prends la relève de la réflexion à quatre mains, on se masse les pieds avec Doriane, petit rituel qu’on a installé entre filles, ça fait du bien au corps et aux muscles qui commencent à fatiguer. Eh oui, faire le papillon acrobatique à 45 ans, il faut l’assumer… mais je m’y accroche et je m’éclate ! En tous cas, la rêverie a l’air de bien marcher auprès des petites filles qui m’appellent ” Super Papillon” ! Aïe Aïe, Doriane se venge sur mes pauvres muscles, elle dit que j’ai des adhérences…

Ce soir, on a donné des nez rouges aux enfants du village, ils étaient ravis. Ils faut dire qu’ils n’ont vraiment pas grand chose, voire rien. J’ai vu le premier jouet dans les mains d’un enfant ce soir, une pauvre poupée dans un sale état, sans cheveux, sans bras… Quand on pense à tous les jouets de nos enfants qui dorment dans les greniers, ça fait mal… Ce soir, dans la rue à côté de notre hôtel, on a revu une petite fille et sa maman, que l’on croise depuis une semaine. Elles dorment dans la rue mais ça n’empêche en rien le sourire sur le visage de cette petite princesse. Ce soir, on avait prévu le coup, on lui a apporté un petit jouet, elle était aux anges…ça faisait du bien de la voir comme ça.

Margot.

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