‘CLOWNS SANS FRONTIÈRES Mission Inde 2008’

Faîtes l’humour, pas la guerre !

Chers lecteurs,

Nombre d’entre vous m’ont demandé si le blog allait rester en ligne et si oui pour combien de temps, la réponse est oui et a priori sans date de “péremption” prévue… il se peut néanmoins qu’il change d’adresse lorsque le nouveau site internet de Clowns Sans Frontières aura vu le jour… vous en serez informés …

Enfin, je profite de ce lien qui nous a réunis pendant quelques semaines pour vous rappeler que tous les artistes qui ont participé à cette mission sont bénévoles et que de tels projets ne sont possibles que grâce aux financements dont bénéficie l’association Clowns Sans Frontières. Ces derniers proviennent de sources très différentes mais aussi très fluctuantes… Ainsi les contributions des donateurs individuels sont devenus de plus en plus indispensables à la pérennisation de l’association et de son action.

Alors si vous le souhaitez, vous pouvez les soutenir en envoyant vos dons à Clowns Sans Frontières, 70 bis rue de Romainville, 75019 Paris.

Merci à tous pour votre fidélité à cette tribune électronique et à bientôt.

Vincent Muteau
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Au revoir et merci

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Dernières sourires, dernières bises, dernières pensées, dernières émotions, dernières images, dernier article…. C’est l’heure de se dire au revoir et surtout merci, merci, merci, merci… pas des remerciements de circonstance ni des larmes de crocodiles, on n’est pas aux Césars … pas de show… des mercis tous simples et vrais à tous ceux qui ont pu rendre possible cette aventure… aux clowns pour leur talent et leur générosité… aux partenaires sur place( Adecom, DYFI, Volontariat, Nilahome…) pour leur accueil… et à tous les autres “travailleurs de l’ombre” sans qui RIEN ne se ferait… Durant ces semaines, j’ai été heureux d’être le lien entre vous et ce pays… entre vous et ces enfants… entre vous et cette belle troupe éphémère dont je suis très très fier d’avoir fait partie. C’était agréable de vous emmener dans nos valises.

Vincent

Je suis le fondateur de ” voix collective ” une organisation théâtrale qui fût inaugurée en 1992. Ce fut une excellente expérience de jouer avec mes amis, ces clowns exotiques. Chaque clown était différent et polyvalent, je ravi de partager mes expériences avec eux. Chacun jouait à sa manière pour faire rigoler les gens. A chaque nouveau spectacle, j’ai acquis de nouvelles connaissances et expériences. Notre but était de faire rire les gens, nous avons réussi avec d’excellent succès sur ce sujet. C’est un tournant pour notre organisation théâtrale, nous les attendons encore pour plus d’expériences et plus d’idées.

Sinu Perumal

Nous avons apporté de la joie et du soulagement aux gens du Tamil Nadu afin qu’ils puissent oublier leur malheur et leurs souffrances. Je suis très heureux d’avoir travaillé avec mes amis comédiens. Je n’oublierai jamais de ma vie les clowns français qui m’ont apporté tant d’expérience durant ces quinze jours afin que je puisse gérer mon organisation théâtrale. Durant le spectacle, les gens et surtout les enfants étaient morts de rire, c’est le bonheur le plus précieux du monde. Un proverbe tamoul dit ” Qui rit, guérit “. Ainsi, je crois que notre spectacle a fortement soulagé les gens. C’est le printemps dans les esprits des gens… On vous attends pour d’autres spectacles tous les ans. Nous vous remercions encore de la part de voix collective et les gens du pays.

S. Ejumalai

Nous voilà repartis de Gengapuram, le village d’Armstrong où on avait déjà dormi il y a deux ans. Un vrai petit village avec des gens adorables, toujours souriants. On a revu plein d’enfants qu’on connaissait déjà, les mêmes avec deux ans de plus… C’est notre dernier jour, on se repose à la plage après 25 représentations, on est un peu fatigués. Il nous reste l’avion et puis le groupe va se dire au revoir. Trois semaines ensemble, ça crée des liens, ça va être triste de se dire au revoir, c’était un bon groupe… très bon. Au revoir à notre traducteur super Marcel, le chauffeur Riaz, notre logisticien préféré Alain, notre paparazzo Vincent, notre chef organisatrice comédienne Doriane (alias Rita), notre super danseuse Margot (Peggy), notre magic master Benoît, notre jongleur de poubelles Tintin alias Patambouchy (papillon), notre musicien Gaby alias Quincy, star connue dans le monde entier. Merci à tout le monde, c’était génial.

Maria alias Carmen Hamilton

Et oui, le départ approche et je suis chargé d’impressions, d’émotions diverses et variées… Un grand merci, je suis un petit veinard d’avoir participé à ce voyage ! Un grand merci d’abord à l’équipe, j’ai rencontré une fois de plus des gens merveilleux qui m’ont beaucoup apporté… De grandes qualités humaines et artistiques… Un merci particulier à Doriane, constituer et “animer” un groupe, c’est pas évident et à Alain, le poste de logisticien est très chiant et ingrat…. et lui a peut-être rajouté quelques cheveux blancs…. mais avec quels sourire et bonne humeur ! Merci à Marcel et Riaz, nos souriants “passeports” pour le Tamil Nadu, dépassant leurs fonctions pour être complètement avec nous… Je suis heureux de la rencontre avec Ejumalai, son visage souriant et généreux ( bien qu’il n’ait à peu près rien)…. Merci enfin et surtout à tous ces enfants et leurs sourires immenses, confiants qui nous accueillis si royalement, sans distance, crainte, méfiance… rendant si proche, si accessible, la rencontre universelle.

Gabi.

Je n’oublierai jamais les clowns français qui ont essayé de faire disparaître la peur du tsunami en semant la joie surtout chez les enfants. On n’ a pas pu soulager 100% des indiens mais quand même c’est quelques chose ! Vous y avez beaucoup travaillé ! C’est vrai que ces gens ont oublié leur souffrance et on trouvé le bonheur grâce à notre spectacle… Merci, merci, merci…

T. Riaz ( chauffeur )

Sculpture du rire par les CLOWNS …Je suis très fier d’avoir travaillé une deuxième fois avec les clowns français. Vous êtes vraiment des professionnels compétents et motivés. Ces 22 jours sont passés comme quelques secondes.C’est une équipe bien organisée. Chacun a fait son travail. Dans l’avenir il faudrait essayer d’insérer encore plus de scènes magiques car elles étaient beaucoup appréciées par les gens. La majorité de notre contact étant avec des spectateurs peu éduqués, il faudrait réduire les scènes à l’occidentale comme la parade du papillon car déjà pour moi en tant qu’indien ça m’a pris 5 spectacles pour le comprendre. Peut-être que j’ai tort aussi.

Marcel

Les derniers instants, derrière moi le bruit de l’océan indien me berce… Me berce dans mes souvenirs de ces trois dernières semaines… Une sorte de parenthèse dans ma vie parce que loin de chez moi, de ma famille, de mon quotidien… Et en même temps, c’est ça ma vie avec tous ces gens, tous ces enfants tellement merveilleux… Ces camarades de jeu qui sont devenus ma famille pendants trois semaines et qui j’espère feront partie de ma vie pour longtemps après. Travailler avec les enfants, face à eux en tant que “clown artiste” était quelque chose que je connaissais déjà, mais de le faire dans un terrain, un pays qui n’est pas le mien et qui est tellement différent, ça, je ne le connaissais pas… J’ai vu la pauvreté comme jamais je ne l’ai vue… c’est dur mais c’est pour ça que je défends ce que je viens de vivre et que je le défendrai pour pouvoir le revivre encore et encore… Merci aux enfants, aux clowns et à la vie. Long live incredible India !!!!

Margot

Apporter de la joie au pays de la joie, telle fût notre mission… Un écho magistral dans les yeux éblouis des enfants, dans les rires timides et illuminés des femmes, des clowneries et des jeux des artistes…. Et récolter en plus de tout, le bonheur de partager ensemble une aventure profonde, sincère et lumineuse… malgré ou avec les difficultés .

Alain

Aéroport de Madras, 4h du matin… la boucle est bouclée ! Ces trois semaines ont déchiré mes émotions et enflammé ma sensibilité. Je me sens bouleversé en pensant à tous les sourires généreux que nous avons rencontré et toutes ces mains tendues dans lesquelles nous avons laissé une caresse éphémère et quelques poignes franches. Notre rythme de voyage ne nous a pas souvent laissé le temps de construire des relations profondes alors que les besoins sont immenses dans les villages où nous sommes passés quelques heures… Le temps de décharger, de monter le décor, de se maquiller, de jouer le spectacle, de ranger et puis partir au milieu des mains qui nous saluent avec plein de sourires. Et pourtant, c’est grâce à ce rythme effréné que nous avons pu croiser plus de villages, plus d’écoles et de coeurs radieux… Paradoxe temporel dans ce pays où la notion du temps est aussi relative que la subsistance… En tous cas, une super expérience… Plein de souvenirs impérissables, plein de belles rencontres !

Tintin

Tout est dit : trois semaines inoubliables, des images indélébiles, des rencontres… Trop fatigué pour écrire, il est 4h40… Je vais replonger dans les images: des enfants, des sourires, des jeux, des “nandri” des “thank you”, des paysages, des couleurs, des costumes, des paillettes dans les ordures, des nez rouges dans les temples, de la gaieté dans la misère, des “what’s my name ?”, des croûtes et des plaies sur des enfants courants et riants, du bruit permanent, de l’intimité oubliée, de la conduite insensée de notre ami chauffeur, de la patience presque enjouée de notre logisticien, des tours sur la moto de notre adorable traducteur, des “uncle” et surtout du bonheur partagé avec tous ces enfants, des rencontres impromptues d’un clown blanc au milieu d’une Inde noircie par la pauvreté et la crasse mais toujours illuminée d’un immense sourire blanc… Merci les clowns, c’est quand vous voulez pour un prochain tour avec vous…

Benoît alias Magic Master ( s’il vous plaît !)

ça y est, on décolle… back to Paris, on quitte, le coeur serré, cette “mystérieuse” Inde et sa beauté paradoxale. Beaucoup de misère, de crasse, et pourtant je ne garderai que le souvenir de leurs yeux brillants, leurs magnifiques sourires, leur joie et leurs rires… une belle aventure humaine…et une jolie rencontre artistique, l’équipe se complétait très bien. Je crois qu’on a fait un spectacle poétique, drôle et on a été ravis de jouer ensemble. Nous avons trouvé de réels partenaires sur place… encore merci à Riaz, Marcel, Malai qui se sont investis totalement dans cette mission… et merci à Alain mon complice logisticien sans qui cette mission n’aurait pas eu la même saveur… thanks to Vincent, notre oeil, notre témoin de ces moments de grâce… et NANDRI à Margot, Gabi, Maria, Benoît, Tintin pour leur générosité et leur talent ! ça y est, j’ai envie de pleurer, c’est con, non ?

Doriane


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Des bulles plein les yeux

 

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A l’heure où je vous écris, je bois pour la dernière fois mon café instantané du matin dans le jardin de notre maison à Gengapuram. Mon regard est agréablement trouble, j’ai des bulles plein les yeux… autant de bulles que de spectacles joués, que de villages traversés, que de mains serrées, que de regards et de rires d’enfants, que de rencontres et d’émotions partagées. Hier, c’était la dernière journée de spectacles… elle s’est terminée par une belle fête sur la terrasse de l’école du village. Hier, après le dîner, nous avons dansé avec nos amis tamouls pour oublier que nous allons bientôt nous séparer… Hier, sous la voûte étoilée, on a fait résonner en choeur des chants tamouls, Mozart, Tom Waits et Fred Astaire…

Aujourd’hui, on remballe et on prends la route de l’aéroport… Je vais profiter de ce temps pour récolter les impressions de tout le monde et vous les livrer dans un dernier article qui vous parviendra demain ou au plus tard vendredi. D’ici, là, je retourne à mes bulles …

Vincent

 

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Comme dans un film

 

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Debout de bonne heure ce matin car on joue deux fois aujourd’hui… Le réveil fut dur car les noces ont recommencé vers 4 heures du matin au son puissant des percussions et des haut-parleurs saturés. Sonnés par le manque de sommeil, on est tous un peu dans cet état un second où tout semble irréel… comme dans un film qui se déroule devant nos yeux … avec nous dedans. Le premier décor est digne de celui du Livre de la Jungle… perdu au milieu des rizières, le rideau rouge est planté sous un arbre géant où l’on verrait bien grimper Baguera la panthère… On se frotte les yeux pour revenir un court instant à la réalité. Nous sommes dans l’école primaire où Armstrong (notre hôte) enseigne, c’est un village perdu et très pauvre. Une école de campagne… la seule chance pour ces enfants de sortir éventuellement un jour de leur condition. Le spectacle commence, les enfants sont conquis.

La journée continue dans une scène qui pourrait très bien figurer dans une reconstitution de la vie de Mère Théresa. Un hôpital aux allures d’hospice, tenu par des soeurs chrétiennes… on y soigne surtout des lépreux et des tuberculeux mais aussi toute sorte d’urgences, on y accueille tous les démunis, le coût des soins y est très peu élevé… Mon coeur s’emballe quand les infirmières me disent que l’on y pratique la chirurgie. Évidemment pas de greffes du coeur mais de la chirurgie quand même… je repense à une émission que j’avais vue sur les infections nosocomiales en France…… surtout pas de bobos, pas tomber malade !!! En tous cas, pas ici ! Le spectacle se déroule dans l’auditorium devant les moins malades et le personnel de l’hôpital… Durant une heure, on oublie ce décor sordide, la magie opère, le public est ravi…

A la fin, je sors car je suis intrigué par le bruit qui vient de dehors. En levant les yeux, je découvre que les arbres du parc sont remplis de centaines d’oiseaux. Ce ne sont pas tous des corbeaux mais à la nuit tombante ils y ressemble tous… Le contraste entre leur immobilité et leur vacarme assourdissant est assez angoissant… Rien de tel qu’un bon Hitchcock avant d’aller dormir ! Oui… dormir…

Vincent

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Sombre lueur

 

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Il y a des journées comme ça… De celles où la fatigue commence à pointer le bout de son nez… Trop de bruits, trop de couleurs, trop d’épices, trop d’enfants agrippés à moi, trop de misère, trop d’émotions… Pour moi aujourd’hui, ça a commencé un peu comme ça. Normal, on a un peu ralenti le rythme depuis deux jours alors la pression retombe un peu. Et puis on sent la fin arriver… encore quatre spectacles d’ici après demain et puis le retour dans trois jours… mais cette lueur sombre qui voile le regard ne dure jamais bien longtemps ici. Je m’isole un court instant pour me “recentrer” et me laisse très vite à nouveau gagner par le spectacle de la rue permanent, infini… Toutes ces âmes, tous ces destins qui passent, qui grouillent devant moi… un doux vertige. Toutes les couleurs, tous les graphismes de ces affiches… Tous ces regards, tous ces sourires sincères, spontanés, gratuits, magnifiques… Le spectacle se déroule bien devant un public très chaud et très réceptif… une cour d’école dans un quartier d’intouchables de la petite ville de Gingee… tout le voisinage est là, c’est dimanche.

En rentrant au village, on tombe sur une noce de campagne… un décor de fleurs et de lumières planté sur une pauvre voiture hors d’âge traînant un groupe électrogène nasillard, un spectacle incroyable à l’image de ce pays: magnifique et pathétique, grandiloquent et miséreux, attirant et repoussant… mais au final tellement touchant, un charme fou. Nous sommes quelques uns à suivre la procession jusqu’à la maison des mariés… une pauvre bicoque en toit de palme. Ces gens de peu qui se sont ruinés pour une telle cérémonie nous invitent à partager la nourriture… La lueur sombre s’est totalement envolée, j’ai l’impression de faire partie de la famille.

Vincent

The sound of music in India…

Hier soir, on s’est couchés, bercés par les haut-parleurs dans le village. Fête de mariage et donc musique indienne plutôt rythmée et forte… mais un besoin de sommeil et de repos, il était fort nécessaire de se procurer les boules Quies. J’ai trouvé le sommeil heureusement mais pour être réveillée de nouveau à 6 heures du matin… la fête du mariage reprends avec sa musique et là, même les fameuses boules Quies ne suffisent plus !

Vers 7 heures, je me lève… Ah peut être un petit moment de tranquillité avec un thé face aux rizières paisibles ? Tu parles Charles, à peine installée dans un coin, un tracteur se met en route, les enfants du village courent vers moi “Aunty, aunty, aunty”, les coqs crient “cocorico, cocorico”, les femmes lavandières crient “lessive, lessive”, la cloche pour la messe tintille “cling, cling, cling”, les chiens du village font “wouah, wouah”, les oiseaux “cui, cui”, les corbeaux “croa, croa”… Julie Andrews ( pour ceux qui connaissent leurs classiques en comédies musicales ) aurait une crise de nerfs !!! Mais ces indiens ” fill our hearts with the sound of music !”

11 heures… Avant notre départ pour la journée ( nous jouons aujourd’hui à 18 heures ), Tintin organise entre nous une petite séance de méditation active… allons nous y arriver..

15 heures 30… Quelques heures passées dans la ville de Gingee, encore le bruit intense et chaotiques des villes avec les éternels klaxons des bus, voitures, rickshaws et motos, les cris des marchands tamouls et la musique des sonos de mauvaise qualité qui percent de partout… Nous sommes invités à boire le thé chez Neermana qui fait partie de l’organisation du spectacle de ce soir… jardin plutôt paisible, agréable mais non loin, il y a tout de même un haut-parleur qui émet de la musique fort stridente… c’est normal, on est dehors non ?

17 heures… on est dans la cour de l’école où nous allons jouer. Tout de suite, une cinquantaine de gamins qui viennent à notre rencontre: cris, rires, bagarres entre garçons pendant que nous décidons où jouer. Le tonnerre rôde autour de nous, on espère que nous ne finirons par chanter “SInging in the rain”… j’ai mes chaussures de claquettes, j’essaierai d’être à la hauteur de Gene Kelly. L’ouverture de la mosquée avec les prières diffusées sur haut parleur. Et notre frénésie à nous qui recommence avec les préparatifs du spectacle…..

22 heures… pas de pluie… environ 800 personnes, un public très enthousiaste… nous avons été bien remerciés par les soeurs et frères qui tiennent l’école. Deux soeurs plus âgées en habit blanc classique et deux jeunes “modernes” qui portent le sari rose saumoné. Je lui ai donc mis ma perruque rose à la fin, elle a bien ri et nous aussi… Passage en ville pour manger où nous avons croisé encore trois / quatre mariages, tous avec tambours et musique à fond… c’est le mois en Inde le plus propice pour se marier…

23 heures… nous sommes au village, la maison, enfin chez nous ! et hop, encore un mariage ! grande fanfare à l’indienne pour accompagner le char kitsch des mariés, les enfants qui nous accueillent de nouveau en criant “Aunty, aunty, aunty…” Je crois que ce soir c’est encore raté pour dormir tranquille, mais au moment même où j’écris, j’entends le groupe derrière moi qui rigole… on se raconte les moments forts de la journée et dehors… c’est incroyable, simplement des cigales !!!!! Je suis en Inde ou à Marseille, je ne sais plus ? C’est ça le dépaysement total et ” Long live India” !

Margot.

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Clowns des villes, Clowns des champs

 

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Nous sommes à la campagne… nous contemplons la vie paysanne rythmée par ses rites millénaires, par les saisons… C’est en voyant sa province que l’on comprends mieux un pays… son développement, son urbanisme anarchique fait de paysans tentant leur chance “à la ville” et se retrouvant à vivre dehors en attendant des jours meilleurs. C’est d’ici aussi que l’on sent le mieux le poids des traditions…

 

Ce soir,  un quartier d’intouchables… nous sommes accueillis par une association qui s’occupe d’enfants handicapés moteurs et mentaux mais nous jouons pour tout le monde sur une place… côté pile, un décor magnifique avec un temple en fond de scène… côté face, un terrain détrempé par la pluie qu’il faudra écoper afin que le public ne patauge pas dans la gadoue, des sacs en plastique échoués au gré du vent, des singes… La nuit tombe, le spectacle commence… Le générateur ne permet d’alimenter que deux projecteurs sur les cinq habituels… suffisamment pour éclairer un peu la scène et le temple qui se détache encore un peu du ciel bleu nuit… sans doute l’un des plus beaux décors, normal ce soir c’est déjà la vingtième représentation… ça se fête ? Il fait trop noir pour que mon appareil “voit” le public mais mes oreilles témoignent de leur joie pendant le spectacle.

 

Vincent

 

Temps suspendu…

 

Après une longue route (7 heures), nous voilà enfin arrivés à Gengapuram. Petit village où nous allons rester cinq jours… Notre partenaire s’appelle Armstrong ( et oui… il est né je jour où…), il a fondé une association “Nilahome” en partenariat avec plusieurs associations européennes ( françaises, allemandes, hollandaises…). Il développe plusieurs projets sur le village : des microcrédits (achat de vaches, chèvres, puits, petits commerces…), un atelier d’artisanat pour les femmes, un dispensaire et une école. Nous sommes accueillis par toute la famille, c’est très émouvant de revoir les enfants que nous avions rencontré il y a deux ans…

 

A cette époque, on avait été touchés par “Praveen” un jeune garçon de 14 ans… Aujourd’hui, il a la moustache naissante et le sourire radieux. Je lui offre un tee-shirt de clowns, il le met immédiatement… Il y a deux ans, son père voulait qu’il arrête l’école pour travailler dans les rizières… Alors Armstrong a subventionné ses études… A la question que veux-tu faire plus tard, il réponds : “nurse” ( infirmier). Je le lui souhaite vraiment…vraiment.

 

Ici, les enfants sont très doux, chantent plein de chansons et nous font faire le tour de leur village. Le temps semble comme suspendu, nous sommes réveillés par le chant du coq ( pas que…. mais restons bucoliques ! ). Aujourd’hui, il pleut fort, on patauge dans la boue mais c’est un moment de calme, on parle avec les villageois, on fait un peu de lessive, on discute… On attends pour voir si on pourra jouer ou non… On fait un premier bilan du temps écoulé. Un voyage comme celui-ci remue beaucoup de choses… En voyant les enfants surtout mais aussi les adultes si souriants, si joyeux malgré l’extrême dureté de leur vie, on se sent un peu “ridicules” avec nos besoins “indispensables” pour être heureux… Nous qui avons tant de “certitudes”, nous qui pensons toujours savoir “comment” il faut faire . Quelle place pour la famille ? Que faisons nous de nos vieux ? Quel sens le mot ” fraternité” ? Ici, le mot solitude n’existe pas.

 

Nous partageons avec notre petite troupe éphémère tous ces jolis moments de grâce. On monte une équipe pour ses qualités artistiques mais aussi pour son humanité et sa générosité… Alors merci mes amis pour tous ces instants d’émotion partagés et définitivement ” I love India”.

 

Doriane.

 

 

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Un autre monde

 

 

 

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Une journée de voyage, nous quittons la région de Kariakal pour aller à Gengapuram, un petit village situé à côté de la ville d’Alavurpet. Pour vous donner une direction sur la carte, nous sommes remontés vers le nord jusqu’à Pondichéry - 4 heures - puis nous avons bifurqué vers l’ouest - 3 heures. Ici, les kilomètres n’ont aucun intérêt pour calculer les distances, on compte en temps… Durant le voyage, je repense à Sindil (Elvis Presley à gauche) et Siva, nos partenaires sur la tournée à Kariakal. Ce sont deux jeunes très dynamiques et très enthousiastes qui ont vraiment été d’une présence agréable et d’une aide précieuse. Très militants, ils sont investis dans la Democratic Youth Federation of India et dans le Tamil Nadu Science Forum. Tous deux au chômage comme beaucoup de jeunes diplômés, ils prennent le temps de s’investir dans le travail social. Au programme notamment, la lutte contre le travail des enfants, la maltraitance, la sensibilisation au Sida…

Le paysage défile sous mes yeux… L’Inde éternelle, immuable. Ce pays de merveilles et de misères qui semble obéir à un ordre figé pour toujours… pour le meilleur et pour le pire. Je repense à ma discussion avec Siva. Il me disait qu’il en avait la chair de poule de voir les regards des enfants pendant le spectacle… aussi attentifs, aussi sincères. Il me parle de la charge d’énergie que cela transmet à ces enfants souvent pauvres parfois orphelins. Il me dit que notre spectacle offre un nouveau monde à ces enfants… une nouvelle vie… un monde de rêves… une vie rêvée. On se serre fort la main au moins quatre fois, on se donne l’accolade… Je sais aussi désormais qu’il y a dans ce pays des gens qui sont bien décidés à faire bouger les choses et qui n’ont pas peur de rêver d’un autre monde.

Vincent

 

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Du ciment mouillé…

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A chaque matinée, ses premières images… chargées, douces ou violentes. Nous sommes dans une école primaire tenue par une soeur catholique. Les enfants sont alignés au cordeau, les mains jointes, ils prient en répétant les mots crachés par une sono saturée. Nous apprenons à prendre nos distances avec ces clichés, ne pas juger tout de suite… On apprend à relativiser, à mettre de côté nos partis pris… Face à tant de misère et à tant de travail restant à accomplir dans ce pays, on se dit que toutes les actions sont bonnes à prendre. Ne cataloguer pas les gens en fonction de leur appartenance, croyance, conviction mais plutôt les évaluer sur leurs actes. Belle leçon pour nous petits français épris de politique. C’est la force de l’association Clowns Sans Frontières qui revendiquent haut et fort sa volonté d’être indépendante de toute organisation politique ou religieuse. L’autre jour, j’en parlais avec l’un des moines qui nous accueillait dans l’hôpital des enfants séropositifs. Il me demande si nous sommes liés à une organisation chrétienne… Je lui répond ” nous ne sommes liés à rien et c’est ça qui nous permet d’aller jouer partout”… Il sourit, pas de réponse…

Après le spectacle, nous échangeons avec la directrice “soeur Jessie”, elle nous parle des enfants, 60 sont morts pendant le tsunami, beaucoup sont traumatisés par le perte d’un proche… Elle nous parle de sa lutte contre l’absentéisme, pour l’éducation à une hygiène collective et personnelle… 90 % de ces enfants sont issus de familles de pêcheurs, beaucoup sont livrés à eux-mêmes, le père part en mer toute la nuit et la mère vends le poisson… Visiblement, ici, on s’occupe bien d’eux… Elle nous remercie chaleureusement en expliquant sa joie de voir les enfants rire à nouveau… Quel bonheur pour nous ces quelques mots qui donnent du sens, qui nous confortent sur notre rôle… Elle nous félicite de donner autant, nous lui expliquons que nous recevons aussi beaucoup en retour…

L’après-midi, nous jouons dans une autre école fondée par “Hope”. Ce n’était pas prévu… annulation et remplacement de dernière minute…mais comme vous le lirez dans le texte d’Alain ci-dessous, ici, il faut savoir d’adapter… A l’entrée de l’école, un panneau avec une jolie phrase attire mon attention ” Les enfants sont comme du ciment mouillé, toue ce qui tombe dessus laisse une trace” … Y’a pas de doutes, les clowns c’est du béton !
Vincent

Les mystérieux mystères de l’Inde mystérieuse

Si cette mission en Inde m’apprends quelque chose, c’est bien l’adaptation au changement. Rien, rien ne marche comme prévu mais tout se transforme et finit par faire un joli bouquet. LE truc, c’est de rester zen et, comme les indiens d’accepter que l’électricité soit coupée une fois sur deux, qu’un camion vienne se poser à côté du spectacle moteur en marche, que la place prévue soit envahie de branchages et de linge, que des travaux soient en cours sur le lieu du spectacle, que les clefs du temple où l’on doit jouer soient parties à la pêche avec leur propriétaire, que les tentes qui protègent le jeune public du soleil soient louées sans cordes pour les arrimer, que les vaches, les chèvres, les poules et les gamins envahissent l’endroit où nous nous installons, que le chauffeur de notre van décide de siroter un thé quand nous sommes tous dans ce qui ressemble plus à une étuve qu’à un car, qu’il y ait des funérailles puis un mariage puis des funérailles à nouveau tout ça avec force tranquille et tambour au lieu et moment du spectacle, que, que, que…. Mais tout ça se fait dans le rire, la gentillesse, le souci de nous accueillir le mieux possible même si les accords passés deux mois plus tôt ont été parfaitement oubliés…

Et dans cette folie, ce tourbillon de gens, des îlots de douceur dans le regard d’un vieillard étonné comme un enfant, dans le sourire édenté d’une femme mâcheuse de bétel, dans la courtoisie du chef de village qui nous offre impérativement un coca chaud. Après avoir nettoyé la place sous le regard amusé des villageois, je suis allé quelques instants flâner dans un village de pêcheurs à la tombée de la nuit. J’y ai rencontré une paix rare, bienfaisante, j’y ai senti un équilibre de vie où tout semble, malgré la grande misère financière, respirer la tranquillité et la sérénité. Je ne peux m’empêcher de penser qu’après le tsunami de 2005 qui a fait tant de bruit médiatique, d’autres tsunami leur arrivent plus sournois mais tout aussi ravageurs. Ils ont pour nom la corruption, la répartition totalement inégale de dons humanitaires et le libéralisme.

Nous avons joué dans un tout petit village de pêcheurs reconstruit après le tsunami et on a senti combien les gens étaient heureux que nous venions spécialement pour eux, dans leur village. En échange, des fillettes ont dansé pour nous sur un tube du moment avec une grâce, une légèreté, une pureté rares. Ces moments d’échanges artistiques nous bouleversent par la simplicité des moyens et beauté parfaite de la réalisation.

Jean Sérien alias Alain

L’hymne à la joie de Gabi

Ce matin nous jouons dans une école catholique à l’intérieur d’une ex-enclave-forteresse danoise… ( et de fait très chrétienne et à majorité protestante ). L’école et les classes sont très belles, très propres, finement décorées, fraîchement repeintes de couleurs vives. On arrive avec notre gros bus dans la petite cour et on repère… Des centaines de petites paires d’yeux s’arrondissent… on se rapproche… et dès qu’un téméraire s’avance un peu plus en tendant la main, on serre une main, puis deux, puis trois, puis douze… et une avalanche de mains toute reliées à un gigantesque sourire qui illumine un petit visage aux yeux pleins d’étoiles, parfois baissés, parfois étranglant un petit gloussement… et c’est l’hymne à la joie du grand Ludwig qui sonne dans les coeurs … Quel accueil ! Quels sourires ! Et ce rituel est systématique… pour avoir voyagé avec Clowns Sans Frontières dans pas mal de pays (Afghanistan, Palestine, Roumanie, Cambodge…), je suis émerveillé ici de cette spontanéité, de cette ouverture, de cette confiance, de cette joie partageuse, de cet enthousiasme… ( Je mets plein de mots pour faire une espèce de bouquet qui ressemblerait à mon impression…) en tous cas un grand bonheur !

Bon reprenons le cours de la narration sinon on va dire que je fais des digressions et puis … les 750 gamins sont bien alignés pour le rituel de la “prière” qui commence la journée dans chaque école. Ici : prière - lecture de la bible - discipline - lecture d’une histoire par une gamine - hymne national… La cérémonie est un peu longue, les enfants patients et disciplinés. je repère une petite fille, les yeux fermés, très pénétrée, imperturbable, répétant tous les mots avec ferveur et conviction quand d’autres ânonnent avec enthousiasme, sa paisible sincérité me touche… puis ils se tournent vers le rideau et s’assoient : ils sont prêts ! Bigre ! Pas nous ! On avait cessé les préparatifs pour devenir d’attentifs spectateurs… alors on s’active, on est vite prêts.

Le spectacle se passe bien, quelques petits mouvements de foule car certains sont très loin, l’espace étant très en longueur pour que les enfants soient à l’ombre, donc ils se rapprochent… A la fin la religieuse directrice nous remercie copieusement en expliquant à plusieurs reprises que tous ces enfants ont été victimes du tsunami, traumatisés, ayant perdu un frère, une soeur ou un parent… et elle a l’air sincèrement heureuse de les voir se marrer et nous invite à un traditionnel tchaï - petits gâteaux…

Gabi

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Espoir

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Nous débarquons ce matin dans un village de pêcheurs dans lequel nous avions déjà joué lors de la précédente mission de 2006. Comme l’autre fois, nous jouons dans la cour du temple… c’est toujours un peu irréel comme décor… chargé, surchargé, tellement de couleurs, de graphismes, de volumes… le kitsch absolu ! Pendant le spectacle, les travaux continuent à l’extérieur… cela fait pas mal de bruit auquel se rajoute celui de notre groupe électrogène indispensable pour la sono ( eh oui, Vischnou vient de couper le courant, c’est comme çà !)… En tous cas, cela fait plaisir de voir que les choses ont changé ici, la construction des maisons en dur avance bien, dehors des hommes creusent des tranchées pour passer des canalisations sans doute…

L’après-midi continue sous le signe de l’espoir… Nous allons jouer pour une école maternelle d’un village voisin dont le programme de reconstruction est financée par une ONG qui semble vraiment bien nommée: Hope. C’est tellement rare ici d’évoluer dans un environnement aussi accueillant. Le paysage est encore encombré par les travaux certes mais ici tout est propre, pas de monceaux de déchets au sol, des bâtiments et du matériel entretenus, des petits jardins soignés, des jeux pour enfants en état de marche, des enfants sûrement pas très riches mais soignés… Cela fait vraiment plaisir de voir ça, c’est comme une bouffée d’air dans la tourmente de crasse et de misère à laquelle on a été souvent confrontés. Le spectacle se passe à l’intérieur d’un “auditorium” ( la classe !!!) devant des enfants tous petits et à croquer… On est tous gaga devant ces petites bouilles qui passent les 3/4 du spectacle complètement ébahis, la bouche ouverte… ils sont encore en plein dans l’âge de l’émerveillement, c’est magnifique. On félicite tous spontanément et chaleureusement le directeur de l’école pour son action et on repart galvanisés, le coeur full of hope.

Vincent

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Au milieu de nulle part… exactement

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Le matin, une école - petite et un peu perdue… des enfants adorables et très timides qui osent à peine monter sur scène à la fin du spectacle… alors que la norme a plutôt été jusque là à l’envahissement de la scène et des loges ! La journée se poursuit dans un village de pêcheurs ravagé par le tsunami… nous jouons pour la première fois dans les lotissements construits pour reloger les sans abris. L’alignement de ces maisons posées en plein milieu de nulle part leur donne vraiment un côté surréaliste, on a l’impression d’être dans un décor de cinéma entre “37,2 le matin” ou “La cité de Dieu”… tout y semble un peu irréel, c’est vraiment étrange et bien moins joli que l’ancien village certes mais c’est mieux que rien…et surtout pendant les pluies diluviennes de la mousson, on doit quand même y être bien mieux que dans des cabanes ouvertes à tous les vents !

Aujourd’hui, on a le temps… de se balader et de jouer avec les enfants, de se reposer un peu au frais à l’hôtel… Encore une fois, les gens sont charmants, souriants, ouverts, accueillants… pas une once d’agressivité, de méfiance… Moi qui rode un peu partout avec mon appareil photo, c’est pareil… pas une réaction agressive, pas un refus… contrairement à d’autres pays, ici tout le monde adore ça, c’est incroyable… je crois que pour eux, c’est flatteur et valorisant d’être photographié, je ne sais pas trop l’analyser. En fait, il faut plutôt lutter dans l’autre sens car on est sollicité en permanence surtout par les enfants qui deviennent hystériques à la vue d’un appareil… photo! photo! photo! il faut gérer tout ça pour éviter la mini-émeute à répétition et savoir ruser pour les esquiver de temps en temps… en même temps, c’est un tel plaisir de voir leurs bouilles quand ils se voient sur l’écran de l’appareil ! Vive le numérique, on efface et on recommence, un milliard de pixels… autant que d’indiens.

Vincent

Komali Class / Classe de clowns

Après le spectacle, je vais chercher mes costumes en dernier dans notre loge du matin. Je me retrouve alors avec les élèves qui ont réinvesti leur classe… La seule différence avec d’habitude, c’est peut-être qu’ils ont tous un nez rouge au dessous de leur fameux sourire. “Komali class ! ” leur dis-je et tous les enfants s’assoient pour le cours, sans table ni chaise, juste sur le sol en rang. Le prof arrive, tous les enfants rigolent, le nez rouge bien ficelé au milieu du visage. Je dis au maître: ” Your Komali class is ready !” … Alors avec un grand sourire, il se retourne face aux élèves et sort de sa poche le rond rouge qui va habiller le nez du ” Komali teacher ” !!! Incredible India !

Benoit

Maria et les jupiterriens.

La différence de richesse entre les deux régions, Pondichéry et Kariakal, est palpable. Ici, c’est beaucoup plus pauvre en général, les villages, les écoles, beaucoup plus de mendiants dans des conditions très très difficiles, les enfants sans chaussures, avec des vêtements beaucoup plus usés, même leurs uniformes racontent leur niveau social… ici, ils sont très usés. Mais même si leur uniforme est vieux ou déchiré, les petites filles portent toujours des fleurs ou des rubans (même tous déchirés) dans les cheveux. Vive l’Inde, quelle beauté !

Ce matin, on a joué dans la petite cour d’une école primaire. On a l’impression d’être vraiment attendus. quand on arrive ici, ils nous accueillent avec beaucoup de joie, beaucoup d’envie. Ils sont petits entre 6 et 11 ans. Ils sont surexcités de nous voir alors que nous on est à moitié endormis… il est tôt et la fatigue commence à se faire sentir mais vu, leur enthousiasme, le réveil se fait vite. Ils sont super mignons, on adapte un peu le jeu, moi je parle moins fort et je fais des gestes moins brusques, il y a des très petits et j’ai peur de leur faire peur. C’est vrai que ça doit être quelque chose de voir arriver des blancs ( ici, ils sont très très noirs de peau ) dont certains blonds, avec des yeux clairs, habillés d’une drôle de façon et maquillés bizarrement avec un machin rouge au nez pour couronner le tout ! On doit être un peu des jupiterriens ! Malgré tout ça, ils se marrent, ils participent, ils crient, ils applaudissent, ils sautent de joie. Bref, c’est génial, ça leur fait vraiment plaisir. Du public comme ça, on en rêve, ils sont formidables.
A la fin, distribution de nez rouges, tous assis en rang pour éviter l’émeute…

Le soir, on joue dans un village de pêcheurs complètement reconstruit, l’ancien avait été dévasté par le tsunami. Ils reconstruisent à une certaine distance de la mer par sécurité, des maisons en dur… toutes pareilles… sans âme. On va visiter l’ancien village et on voit les belles maisons d’avant assez détruites. Il y en a pas mal qui ont été sauvées… Le village semble séparé entre ceux qui restent dans leur ancienne maison et ceux qui habitent dans la nouvelle partie plus éloignée. C’est une très belle après-midi, on passe très longtemps à jouer avec les gamins… Ils nous remplissent de bisous et de fleurs, ils courent tous nous en chercher et décorent nos cheveux avec. Qu’est-ce qu’ils sont beaux !

Maria

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So far away from Pondy

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Welcome to Kariakal, état du Tamil Nadu… une petite ville de province qui ne ressemble à rien. Une artère principale à l’indienne avec ses petites boutiques et son temple… sale et balayée par la poussière. Dans cette région, nous allons jouer dans les villages de pêcheurs qui ont été ravagés par le tsunami de 2005. Peut-être que certains d’en vous ne le savent toujours pas mais l’Inde a été très touchée par la vague… On estime le coût humain à plus de 15 000 morts… On en a beaucoup moins parlé que le Thaïlande car bien sûr ici il n’y a pas autant de touristes et aussi l’Inde avait refusé l’aide internationale arguant du fait qu’elle pouvait parer à l’urgence elle-même. C’était sans doute vrai pour les premiers soins mais qu’en est-il de la reconstruction, du relogement…? Aux abords des deux villages où nous sommes allés aujourd’hui, on aperçoit des lotissements de maisons en dur fraîchement construites, certaines sont déjà habitées, d’autres pas encore… Il aura donc quand même fallu près de trois ans. Le prix du foncier est très cher ici et les lenteurs administratives à tendance paperasse bureaucratique sont un sport national. À cela s’ajoute les réticences de certains habitants qui veulent continuer à vivre tout au bord de l’eau, là où se trouve leur travail, leur vie… Rien n’est jamais simple.

Ce matin donc, premier village sur une place couverte de tas de sable, des camions, une ambiance de chantier. On joue dos au temple qui sert de loges. C’est assez surréaliste surtout quand on pense que notre partenaire sur Kariakal est la Democratic Youth Federation of India, une organisation de développement soutenue par de jeunes communistes… Mysterious India ! Le temple ici est un peu comme une salle commune, la maison ouverte à tous… même aux marxistes ! Le spectacle se déroule sous un soleil écrasant, le public d’écoliers est très réceptif et tout se déroule dans une atmosphère joviale et festive.

Le soir, nous débarquons dans un autre village, beaucoup plus pauvre celui-là… On voit encore les baraquements d’urgence en tôle bleue construits juste après la vague. La place où nous décidons de jouer est jonchée de détritus organiques et plastiques, c’est là que sont installés la balançoire et autres jeux pour enfants. Avant de jouer, il faudra passer un coup de balai de fortune… ici, vraiment, tout est crasse et poussière ! Le tee-shirt colle à la peau, on aimerait se laver les mains tous les quarts d’heure… Cette sensation de débarquer sur la Lune des fois… les premiers regards… toujours très étonnés de nous voir arriver jusque chez eux… et puis le contact se noue très vite… les enfants d’abord puis les adultes suivent. C’est dans ce genre de lieux que notre présence crée - je pense - un véritable événement. Les clowns ont eu le temps de jouer avec les enfants avant le spectacle et il n’y avait pas que des écoliers dans la “salle” ! Tout le village nous voit, nous aperçoit ou entendra au moins parler du spectacle… a priori en termes élogieux car les réactions du public ce soir étaient très positives et les remerciements très chaleureux.

Vincent

La bonne “satki” de Benoît

Nous voilà arrivés à Kariakal. On a la sensation de ” s’enfoncer ” dans la campagne, comme dans une pauvreté plus profonde, plus générale. Les chambres d’hôtel ne confondent pas propreté et hygiène, elles les ignorent toutes deux. Quel bonheur de voir les yeux des enfants et des adultes qui semblent plus démunis les uns que les autres. La surprise, la curiosité, la crainte parfois de voir arriver des “blancs” dans leurs villages… mais au final, le bonheur éclate aux yeux et les rires sont la meilleure “satki” (énergie en Tamoul) qui puisse nous nourrir.

Je ne sais pas si on donne beaucoup mais putain qu’est-ce qu’on reçoit ! On dit toujours que les plus pauvres sont les plus généreux… et bien ici, c’est vrai ! Ils ont soif de jouer, d’apprendre, d’échanger, de rire, de découvrir… India is magic !!!

Benoit

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Des sourires inestimables

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Aujourd’hui, nous jouons pour des enfants séropositifs accueillis dans une institution religieuse qui fait office d’orphelinat et d’hôpital… L’endroit est bien tenu et accueillant, on sent que les religieux et les volontaires font tout pour rendre la vie de ces enfants la plus agréable possible. Des adultes vivent ici également, hommes et femmes, ils sont aussi atteints par le virus du Sida… Ils s’occupent également des enfants. Au premier abord, je suis un peu glacé par un tel contexte, la maladie lorsqu’elle touche de si jeunes êtres est tellement révoltante… C’est un univers que je ne connais pas, contrairement à quatre clowns de l’équipe qui font partie du Rire Médecin et qui interviennent toute l’année à l’hôpital.

Le spectacle devait se dérouler pour les enfants de l’institution et les petits villageois des alentours qui viennent prendre des cours du soir. Finalement, l’information n’est pas bien passée et nous nous retrouvons à jouer pour les 25 enfants malades. Tant pis… ou tant mieux même car cette intimité a été un joli cadeau pour ces petits. Réticents au tout début, ils ont fini par laisser sortir les rires et exploser leur joie tout au long du spectacle. Les adultes nous ont dit que cela ne se serait peut être pas passé si les enfants de l’extérieur étaient venus. Alors, sans aucun regrets, le sourire sur le visage de tout enfant est précieux… mais sur ceux-là, il est inestimable.

Fin de notre tournée dans les environs de Pondichéry, nous partons cette après-midi en direction de Kariakal. Quatre heures de bus, le long de la côte, direction le Sud.

Vincent

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Balakumaran

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A peine réveillés et encore très fatigués… les mêmes images… des enfants alignés dans la cour, la main sur le coeur, chantent l’hymne national. Notre expérience d’hier nous fait redouter le pire mais nous sommes agréablement surpris par l’ambiance joviale et positive qui règne dans cette école de 1500 garçons. J’apprends à relativiser ces images de discipline. Ici, dans cette école, elles ne sont pas synonyme de cruauté. Les adultes agissent avec sincérité pour le bien de ces enfants. La comparaison avec notre école de la IIIème République me vient à l’esprit… beaucoup de défauts et d’abus certes mais quel travail accompli ! Il faut peut-être en passer par là quand on se retrouve face à tant de misère, tant de gamins d’origines culturelles et sociales si différentes…

Nous arrivons ensuite dans un village d’intouchables de 1500 âmes… Ici, il n’y a vraiment rien… La plupart des adultes sont sans emploi ou journaliers dans les champs… la survie. On me parle de bagarres récurrentes, d’alcool… Les femmes sont fascinées par mon appareil photo numérique qui permet de se voir instantanément… un portrait puis deux… elles se pressent toutes avec leur gamin pour être immortalisées, je me transforme en photomaton… L’un des enfants que je rencontre me touche plus que les autres, c’est souvent comme ça… inexpliquable et peut-être injuste… mais voilà, je suis ému par son regard vif, par sa fragilité… je crois que je devais un peu lui ressembler à son âge. Il s’appelle Balakumaran, il a 14 ans, travaille bien à l’école et veut devenir ingénieur en informatique ! Quel décalage entre son ambition et son milieu d’origine ! Ce destin en herbe me touche, j’ai envie de le protéger, de l’aider à réaliser son projet de vie, son rêve… Le temps d’un contact comme celui là, je sens qu’on pourrait bien s ‘entendre tous les deux. On passe toute la soirée ensemble. Je lui promets d’envoyer des photos ( et je le ferais!) , je lui laisse mon adresse email… il m’offre un petit livre avec des extraits de nouvelles de Dickens et autres classiques anglais. Il faut déjà partir, mon coeur se fend en deux…

Vincent

Réflexion à 4 mains, chambre 107.

On se fait un massage… au bout de dix spectacles… c’est la veille du jour off ! Nous avons eu une très belle journée. Contrairement à hier, l’école de garçons ( 1500 !!!! ) était très émouvante. Nous étions attendus et le principal avait bien préparé les choses , remise de médailles aux profs, démonstrations d’arts martiaux indiens… Ici, malgré le nombre, pas de débordements, un public attentif et bien cadré ! Comme quoi, la personnalité d’un principal peut changer tout un établissement… Ce soir, c’est un nouveau village Dalit, encore un nouveau lieu pas repéré. Décidément, on se demande avec Alain pourquoi on a passé tant de temps à choisir des villages, des lieux appropriés… Enfin… zen ! Tout ceci restera dans les annales de “mysterious India” !

La petit place n’attendait que nous, les enfants sont fous de joie et nous oublions de suite les galères, la fatigue… Très vite, on se rend compte qu’il faudra choisir entre le son et la lumière… On choisira le son, la lumière viendra plus tard quand on y verra vraiment plus rien !!! On a l’impression de jouer en mineur surtout que nos cordes vocales (à Benoît et moi) ont souffert. La climatisation, les seaux d’eau, les cris, les courants d’air ont eu raison de notre organe. Demain, journée de repos: lessive, course, relaxation…

Doriane.

Je prends la relève de la réflexion à quatre mains, on se masse les pieds avec Doriane, petit rituel qu’on a installé entre filles, ça fait du bien au corps et aux muscles qui commencent à fatiguer. Eh oui, faire le papillon acrobatique à 45 ans, il faut l’assumer… mais je m’y accroche et je m’éclate ! En tous cas, la rêverie a l’air de bien marcher auprès des petites filles qui m’appellent ” Super Papillon” ! Aïe Aïe, Doriane se venge sur mes pauvres muscles, elle dit que j’ai des adhérences…

Ce soir, on a donné des nez rouges aux enfants du village, ils étaient ravis. Ils faut dire qu’ils n’ont vraiment pas grand chose, voire rien. J’ai vu le premier jouet dans les mains d’un enfant ce soir, une pauvre poupée dans un sale état, sans cheveux, sans bras… Quand on pense à tous les jouets de nos enfants qui dorment dans les greniers, ça fait mal… Ce soir, dans la rue à côté de notre hôtel, on a revu une petite fille et sa maman, que l’on croise depuis une semaine. Elles dorment dans la rue mais ça n’empêche en rien le sourire sur le visage de cette petite princesse. Ce soir, on avait prévu le coup, on lui a apporté un petit jouet, elle était aux anges…ça faisait du bien de la voir comme ça.

Margot.

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A l’école des garçons

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Ce matin nous avons été perturbés par la violence qui régnait dans cette école située dans un village d’intouchables à 1/2 heure de Pondichéry. Tout commence par le spectacle d’une classe à ciel ouvert ( par manque de place) où le professeur impose sa stature de demi-dieu par le châtiment corporel d’élèves qui ont eu de mauvaises notes. Après une humiliation en règle devant le reste de la classe, il les force à se courber en les tirant par les cheveux et leur assène de véritables coups de poing dans le dos.
Pour nous, petits français élevés à la sauce Dolto (merci Françoise !), cette image est absolument insupportable mais elle semble très courante ici. Les flics aussi sont d’ailleurs munis de matraques longues comme le bras et n’hésitent vraiment pas à s’en servir. On est bien loin du cliché baba d’une Inde rêvée où tout le monde serait pacifiste et non-violent. Ici, comme dans beaucoup d’autres sociétés traditionnelles, la foule et les jeunes, ça se gère à la trique… À cela s’ajoutent les abus d’autorité de petits chefs - incarné ici par la vice principale, un bon gros Dieu à elle toute seule - qui avait décrété que seulement une partie des élèves assisteraient à cette heure de spectacle car les autres devaient réviser leurs examens pour le mois de Mars !!! Vous imaginez 200 jeunes assis à attendre le spectacle et les 300 ou 400 autres collés aux fenêtres. On négocie et finalement, ils descendent… Durant le spectacle, les surveillants font n’importe quoi sous prétexte de corriger certains qui s’agitent et ne font que créer des mouvements de foule irrationnels… Les enfants sont survoltés par le spectacle, la vapeur s’échappe un peu de la cocotte-minute, on lit néanmoins sur leurs visages le bonheur de pouvoir s’échapper le temps d’un éclat de rire ou d’un regard fasciné sous la jupe de Margot.

La journée se poursuit dans un village pêcheurs où nous arrivons pile au milieu de funérailles. Nous restons interdits à regarder la famille du défunt parader… On se dit que ce n’est peut être pas le meilleur moment pour venir jouer… Le doute s’installe. Finalement, le frère du défunt nous dit qu’il faut jouer, le chef du village aussi. Alors, on y va… Dans des conditions très difficiles, une toute petite place où il y a beaucoup de passage et des autocars qui s’arrêtent tous les quarts d’heure. Pourtant, c’était sans doute l’un des plus jolis spectacles depuis le début de cette mission. Comme enfermé dans un écrin, une toute petite boîte à musique et des enfants particulièrement doux et fascinés.

Vincent

Les questions qui brassent.

On est confrontés à deux types de violences, d’une part celle de la super discipline et de l’autre celle des enfants qui veulent tout voir, se lèvent, se déplacent, se rapprochent, parlent, crient, lancent des projectiles ( probablement pas méchamment ) quand on leur demande de faire semblant de jeter quelque chose. C’est la première fois - pour ma part en tous cas - qu’on se sent un peu bizarre après le spectacle, est-ce parce que c’est une école de garçons ? que l’on est en milieu proche urbain ? On a un peu la même sensation que si on avait joué en cité. Les réactions sur les scènes d’amour sont éloquentes. En ce pays où l’on voit très peu de contacts entre femmes et hommes, cette rencontre d’un homme et d’une femme en plein émoi amoureux… qui se découvrent et accordent leurs corps (le tout transcendé par la danse, je vous rassure !) résonne en un trouble charmant…

Je sens Tintin très affecté, très questionné… Étant très empathique, je ne suis pas serein et voudrais essayer de l’alléger de quelque chose. Nous avons à plusieurs une discussion le soir sur notre place, la bonne distance, le fait de speeder beaucoup et peu rencontrer les gens, les aléas de l’organisation avec un partenaire ici en Inde … Enfin de toutes ces questions qui nous brassent quand nous faisons ce genre de mission.

Gabi.


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PS1: je ne sais pas si ce genre d’informations parvient jusqu’à Paris mais l’Inde est victime d’une énorme panne d’internet, j’ai donc pu sauver les meubles aujourd’hui en me connectant depuis mon propre téléphone. Je ne sais pas si je pourrais le faire à nouveau… Si vous ne recevez rien pendant quelques jours, vous en connaissez la raison…

PS2: N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires, ça fait toujours très plaisir de vous lire. Mes plates excuses au Petit Robert pour les quelques fautes d’orthographe qui doivent se glisser ici ou là… mais le temps me manque pour la relecture.

Dans la peau d’un clown

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Je dois vous avouer quelque chose… Je viens d’accepter mon premier rôle de clown et la photo que vous voyez au dessus en est la preuve. Rien de bien reluisant et surtout pas le début d’une vocation, je reste de l’autre côté de l’image.. Non juste une idée qui a germé lors des répétitions dans l’esprit tordu de Doriane alias Rita et Benoit alias Master, nos deux magiciens. Il fallait toute une série de personnages différents pour apparaître et disparaître de derrière le “drapeau magique”. Vous imaginez mon enthousiasme quand Benoit me dit ” ah ouais, un photographe ça peut être drôle et puis je te botte les fesses pour te virer du plateau ! ” …. ” euh, oui… très drôle !!!! ” Finalement, j’accepte en me disant que ça peut être l’occasion d’une belle photo avec tous les regards rivés sur moi… comme si j’étais un clown sur le plateau ! Sauf que jusque là, ça allait trop vite ou il faisait trop sombre pour pouvoir en tirer quelque chose… j’en étais juste pour mes frais d’un à deux coups de pieds par jour mais cette fois c’est différent : vous êtes un clown sur scène.

Après cette école où poussent des arbres à costumes et des papillons bleu ciel, nous avons atterri dans un village de pêcheurs touché par le tsunami de 2005. On n’y sent presque plus les stigmates de la vague mais celles de la misère engendrée ou aggravée oui… et une certaine tristesse qui flotte dans l’air malgré les rires des enfants. Ce fût l’occasion de jolis moments de complicité avant le spectacle.

Vincent

Le temps et l’intimité de Doriane.

Ici, le temps n’a pas la même valeur. 1 heure pour commander et enfin avoir un café et quelques toasts… 45 minutes, le temps prévu pour le spectacle qui dure finalement 1H 15… 30 minutes, le temps pour se rendre au prochain village Dalit ( intouchables )… 15 minutes, le temps d’installer un semblant de loge dans une salle de classe, une cuisine, une cabane… 5 minutes, le temps où l’on est seule par jour… 1 minute, le temps d’être émue par un regard, un sourire, un visage…

Ici, le mot intimité n’existe pas… où que l’on soit, on est jamais seule… même la nuit, les klaxons, les bruits de couloirs, ça brasse. Le tout est d’arriver à se recentrer, à digérer toutes ces images, ces sensations, ces émotions. Être seule au milieu de tout le monde… Être seule au milieu d’un groupe de 12 personnes prendra du temps. Ce soir, en rentrant du restaurant vietnamien ( et oui ! on voulait changer un peu…), Gabi est parti à pied, marcher… Vincent a mangé dans sa chambre… Nous, occidentaux, avons besoin d’une bulle, un espace. Ici, personne ne mange jamais seul. On est une famille, un village, une caste… on est plusieurs. Les familles dorment tous dans la même pièce… comment font-ils ? comment font les couples ? J’essaye de comprendre cette notion de l’individu face à son intime. Nous qui nous protégeons tant, face à l’autre, aux autres. Nous qui sommes tellement préoccupés par notre ego et notre bien-être…

Les journées s’enchaînent vite, deux spectacles par jour. Le temps de rester un peu avec les enfants, les villageois… des fois, le temps d’un repas… et c’est reparti. Et moi, je garde dans le coeur et dans les yeux, ces sourires éclatants, ces visages rayonnants.
” You come back ? You come back ? ” Yes, bien sûr… si on pouvait.

Doriane

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Un milliard d’Indiens … et moi et moi et moi

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Avez-vous déjà expérimenté la sensation d’être les Rolling Stones ou Lady Di ? Cet étrange phénomène qui fait que tout le monde veut vous serrer la main ? Ce besoin d’être protégé par un cordon de sécurité afin de ne pas finir piétiné d’amour par une foule en délire ? Nous oui et pas plus tard que ce matin… dans une école à 10 km de Pondy, dans un village encore une fois peuplé essentiellement de pêcheurs et d’intouchables. Dès notre arrivé, les gamins sont très chauds, il y a un bruit dans cette école, un bourdonnement permanent… L’attroupement se fait immédiatement autour du montage. On ne peut pas croiser un groupe de dix gamins sans qu’ ils se mettent à hurler en vous faisant des grands signes de la main… surréaliste !

Dans cet Olympia improvisé et à ciel ouvert, le spectacle prends une tout autre dimension devant cette foule de 900 enfants bien alignés et en uniformes… D’un côté, les garçons surexcités et de l’autre, les filles, plus réservées mais qui bouillonnent à l’intérieur et qui ne demandent qu’à laisser sortir la vapeur… Une véritable ambiance de pensionnat comme on en a connu chez nous avec cet océan d’inconnu qui sépare les deux sexes et des surveillants qui mènent tout ce petit monde à la baguette (au sens propre ! ). Nous sommes sidérés de voir la rumeur que déclenche la danse entre Tintin et Margot. Deux corps qui se touchent… pour ces jeunes, l’image est d’un érotisme délicieux !

Le spectacle presque terminé, je me dis intérieurement que contrairement à hier soir, les jeunes ici sont bien cadrés et que le dispersement va être géré dans le calme…. enfin presque ! Bravant les ordres des adultes, les jeunes se lèvent d’un seul coup et se mettent tous à courir pour venir saluer les clowns en loge, les toucher, les remercier… Je vous assure que c’est très impressionnant de voir Mai 68 vous foncer dessus ! Doriane se fait littéralement avalée par la foule… certains garçons en ont, parait il, bien profité pour lui les peloter les fesses et les nichons… Faut bien que ça sorte …

L’après-midi, le montage du second spectacle se passe beaucoup plus calmement à quelques kilomètres de là. Un place couverte de sable rouge dominée par un château d’eau qui lui donne des airs de “Bagdad Café”… des blanchisseurs y travaillent et y font sécher le linge au sol à même la poussière. Le spectacle se déroule très bien devant un plus petit public très à l’écoute… les logements très rudimentaires laissent à penser qu’il s’agit d’un quartier très populaire, des gens peu éduqués… en tous cas, ça marche, ils semblent ravis.

Vincent

Le blues du logisticien.

” Poïte varem… Allons-y ! Oui, moi qui suis fan de l’Inde de longue date (privilège de l’âge !) je me demande souvent dans quelle galère je me suis embarqué. Non content d’avoir paumé tous les papiers (billets de retour, contacts, budget prévisionnel, j’en passe et des pas tristes !), j’ai laissé à PAris une partie du budget prévu pour la mission. Bref, le logisticien d’enfer ! L’enfer depuis, c’est moi qui le vit… Au secours maman, je veux rentrer chez moi ! Nuits blanches à ruminer ma nullité et à voir qu’il faudra bien qu’on fasse la manche si on veut manger en fin de tournée. Heureusement, le spectacle est bon, on pourra toujours gagner quelques roupies et des bananes (courtes et rondes… délicieuses !).

L’envers du décors, c’est qu’avant que tout se fasse, j’entends tout et son contraire. Les indiens, gens adorables et souriants, pratiquent traditionnellement la logistique floue (et pour un logisticien…..!!!!!). Le rendez-vous approximatif et le bricolage génial et douteux. S’il me restait encore des cheveux, je m’en arracherais volontiers quelques poignées.

Et malgré tout ça, l’ambiance de l’équipe, faite d’émotions, d’empathie et d’énergie est telle que chaque jour est meilleur que le précédent. L’Inde magique est au rendez-vous avec ces regards d’enfants que les adultes ont…… et cette poésie qu’on sent partout plus forte que la dureté de la vie. ”

Alain.

note de la rédaction : rassurez-vous ! n’envoyez pas de boîtes de pâté ! n’appelez pas le Quai d’Orsay ! nous avons de quoi manger et récupérer les billets retours.

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L’ambiance terrain…

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Normalement cette soirée aurait dû s’appeler ” Pondichéry Première ” car il était prévu depuis plus de deux mois de faire une représentation dans la “carte postale” de la ville, près du bord de mer, face à la statue de Gandhi… Étaient également attendus à cette soirée quelques officiels et la presse… Finalement, tout a été annulé… hier… et oui, c’est comme ça ! Franchement rien à faire de la carte postale et des people locaux mais vraiment dommage d’annuler… Il a donc fallu trouver très vite une solution de repli et aller repérer le matin même. Nous nous retrouvons donc non loin de là dans une banlieue très pauvre peuplée de pêcheurs et d’intouchables… et c’est certainement mieux ainsi ! Mais je dois avouer que c’est là que me sont revenus instantanément les quelques souvenirs de ” grosse fatigue ” de la précédente mission. C’est le syndrome des épaules qui font “schplouf !” quand il faut s’activer, monter, gérer les enfants sur un terrain poussiéreux et chauffé à blanc par toute une journée soleil. Heureusement, il commence déjà à décliner…

On se retape avec un thé et l’ombre de nos loges magnifiques : bleu azur et toit ouvrant ! Et c’est reparti ! Gabi sort des loges comme une furie en se prenant (vraiment ?) pour une rock star ! C’est trop drôle ! Les autres clowns sortent et tous les mômes accourent. Tout le monde veut se faire prendre en photo avec eux, une mamie et même les flics ! Comme les gens ont été prévenus au dernier moment, le spectacle démarre forcément devant un tout petit public mais il s’accroît nettement au fur et à mesure et surtout, ils sont très chauds et très réceptifs, ça rigole vraiment beaucoup, jeunes et vieux … À la fin du spectacle, les enfants sont à fond et on se fait littéralement envahir l’arrière du rideau, c’est toujours assez délicat à gérer ce genre de situation, il faut réussir à protéger les quelques accessoires car, sans eux, plus de spectacle… On remballe un peu vite en se disant que demain on s’y prendra différemment mais on est heureux d’avoir passé du temps avec ces gens sur ce terrain perdu.

Vincent

Du rire et des larmes selon Benoit :

” Pas de doutes, on sait pourquoi on est là… quel pays ! quel peuple ! Tous ces enfants… Tous ces sourires. Une misère pleine de couleurs, d’odeurs et de visages accueillants. Ce soir, après le spectacle, un vieil homme aux yeux mouillés et au dos voûté m’a remercié avec tant de sincérité et d’insistance que j’ai failli pleurer. Hier soir, le bonheur et l’excitation des enfants m’ont fait comprendre que j’allais vivre trois semaines de bonheur. Le sourire national me contamine déjà… vivement demain et le reste ! ”

Benoit.

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Enfants Rois

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Après un dernier filage, nous filons à une demi-heure de bus de Pondichéry, direction la ferme école, une annexe de l’association Volontariat destinée à offrir aux enfants un cadre agréable et verdoyant. Tout se passe comme dans une belle journée à la campagne… Pendant le montage du décor, je m’approche des garçons qui jouent au cricket ( so british ! ), ils rigolent à pleines dents, visiblement ils sont heureux ici. Tout de suite, mon regard se pose sur deux frères d’une beauté rayonnante… Ce sont deux petits gitans qui vivaient dans le campement accolé à la décharge municipale de Pondichéry avant d’être placés ici par leurs parents, incapables de les élever… Comme tous les autres enfants ici présents, leur histoire, leur si courte vie résonne déjà de mots comme misère, maladie, abandon, prostitution… Pas de sensiblerie, juste la réalité, toute crue.

Quand je vois ces deux petits visages si photogéniques, je ne peux m’empêcher de penser aux mini-stars, aux “little miss sunshine” , aux enfants mannequins qui remplissent nos magazines et nos spots publicitaires pour nous vendre des fringues super cool, du saucisson méga-bon et des cornflakes trop sympa… D’un côté, l’opulence, le toujours plus, le rêve, le superflu, le vent… rien. De l’autre, des besoins simples, réels, identifiés, des enfants déjà rescapés - pour l’instant - d’une vie de naufrages, il faudrait si peu pour que ça change… Par projection, je pense à mon gamin de cinq ans. De quoi à besoin un enfant pour être heureux ? Enfin bon, ce qui est sûr , c’est que ce soir, durant notre tout premier spectacle, les enfants ont ri à pleines dents ou restaient interdits, ébahis, la bouche grande ouverte… oubliant sans doute un court instant toute la pesanteur de leur vie… c’est pas grand chose mais c’est sûr… c’est pour ça qu’on est là …

Vincent

Le petit moment de solitude de Margot

” ça y est, je ne sais plus quel jour de la semaine on est, j’ai perdu tout repère du temps. C’est peut-être la fatigue de ces quatre derniers jours… Aujourd’hui, nous avons joué notre première, enfin peut être plutôt une générale… mais c’était le premier public, le premier trac avant de jouer. Je crois que nous avons réussi à faire un spectacle qui va apporter du rire, de la magie, de la poésie et des émotions. Il suffit de regarder les photos des visages des enfants pendant la représentation pour voir comment ils étaient captivés. Bien sûr, il y a des ratages et des problèmes techniques mais pas grand chose à jeter ce qui est plutôt incroyable pour un spectacle que nous avons monté à partir de rien en une semaine.

Si on pouvait toujours en faire autant ? Quelle était notre motivation ? Ce pays, ce peuple qui nous attends les bras ouverts. Oui, c’est nous qui sommes venus pour partager ce que nous savons faire mais il me semble déjà que nous avons beaucoup à apprendre. Depuis, quatre jours ici, je vois des gens qui, avec 10 fois moins, réussissent à faire 10 fois plus… sans rouspéter, rechigner, sans agression ni violence, sans jugement ni mépris… Je me pose des questions… Ce soir, dans la ferme école où nous venons de jouer, nous sommes invités à rester manger. Des visages accueillants et souriants nous entourent, c’est simple, c’est bon, ça fait du bien au coeur…

Voilà, le petit moment de solitude que j’avais pour écrire est terminé, six femmes toutes plus jolies et colorées les unes que les autres viennent d’entrer et parlent autour du téléphone. Ici, il y a du monde partout, ça tchatche un langage que je ne connais point… c’est drôle, ici on n’est jamais seul et c’est peut-être mieux comme ça… le bonheur ça se partage non ? En tous cas, c’est ce que j’ai bien l’intention de faire pendant ces prochaines semaines.”

Margot

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Jour de fête ?

Cette journée a commencé par une image très forte… de celles qui ne vous lâchent pas de sitôt. Je marchais à la recherche d’un cyber-café quand je suis tombé sur cette famille de circassiens qui jouaient presque seuls leur numéro face à quelques passants mi-hagards mi-indifférents. Une petite fille de 8 ou 10 ans, perchée sur un fil, fait la funambule sous le regard autoritaire de son chef de père qui bât un rythme lancinant sur sa percussion. En dessous, sa mère tape sans conviction sur un plat métallique. Sur ses genoux, un enfant plus jeune essaye de dormir. On pourrait croire qu’il est mort…

J’ai été hanté par cette vision durant toute la journée. D’autant plus que je les ai recroisés par deux fois en milieu et en fin de journée… ce qui laisse facilement augurer de leur rythme de travail sous ce soleil accablant. Aujourd’hui, c’est la fête nationale, il y a plein de passants dans la rue, c’est bien sûr un bon jour pour faire la manche… Cette image résume selon moi ce pays à la fois fascinant de beauté et terrifiant de dureté. C’est aussi une sorte d’image d’Épinal du saltimbanque maudit, qui vit en marge au bon vouloir de celui qui daignera porter un intérêt à son art… C’est sans doute comme cela que le cirque a vu le jour… le cirque des origines… fascinant et terrifiant. Si elle tombait ? On préfère ne pas y penser…

Lorsque je rejoins ” mes clowns ” au Volontariat Community Center de Pondichéry, je constate que le “fan-club” s’est encore élargi ( surtout celui de Tintin qui a un énorme succès… ça doit être ses rouflaquettes ???). Il y a encore plus d’enfants - tranquillement assis ou totalement survoltés - en train de regarder le spectacle se construire. Ils assistent sans broncher à la même scène répétée quatre ou cinq fois et rigolent autant à chaque fois. Ils portent tous fièrement leurs nez rouges… trop mignons !

Aujourd’hui, le travail des comédiens est avant tout technique : il faut faire fonctionner les illusions, rythmer la course poursuite, caler les entrées et les sorties… Tintin finit la mise au point de son accroche d’acrobatie aérienne. Je pense que ça va scotcher les gamins ! Bref, ça roule pour tout le monde sauf pour Gabi qui voit passer un petit nuage noir au dessus de sa tête. Tout d’abord, ses doutes sur son collègue musicien semblent se confirmer et surtout son piano se met soudain à clignoter de toutes ses lumières et puis … plus rien ! Il va falloir aller le faire réparer ? Possible ou pas ? Alimentation ou câble grillé ? Ou les 2 ? On verra ça demain…

A l’heure où je finis d’écrire ces lignes, la rue de l’hôtel est quasiment vide, abandonnée aux chiens et aux vaches sacrées qui broutent leur 25ème sac en plastique de la journée. Je vais me coucher avec le sentiment qu’aujourd’hui, tout le monde n’était pas à la fête …

Vincent.

LA DÉCONVENUE DE GABI

” La découverte de l’Inde dans le minibus qui nous emmenait le 1er jour de Madras à Pondichéry dans la lumière du soleil levant m’a tout halluciné, tout rempli mes yeux d’images fortes et belles que je me demande s’il me reste de la place… C’était un cinéma permanent dans un travelling sans fin sur cette vie à la fois grouillante, suractive et paisible, un défilé de couleurs, de mouvements, d’animaux ( du chient errant aux boeufs exhibant avec frime leurs cornes peintes classieusement…).

Aujourd’hui, ce matin, on a continué avec Perumal, notre comédien-baron indien, la répétition du spectacle… récapitulant avec lui les scènes où il apparaît pour le libérer cet après-midi: il va à un mariage… Mais il faut que je vous parle d’un souci ou plutôt d’une déconvenue qui m’arrive. Comprenez : on m’avait dit : ” “on va travailler avec 2 artistes indiens, issus de la communauté dalit ( les intouchables ), 1 comédien et 1 musicien… Un percussionniste !!!!!!!!! Moi qui ai toujours vénéré les percussionnistes indiens que j’ai pu croiser ou entendre de Ravi Shankar, Shakti, John McLaughin à la musique populaire du Rajasthan, Gulabi Sapera…. je me faisais une joie ! Pour moi, ces musiciens étaient monté à un ultime degré de le science du rythme et du swing, au pinacle, au summum de l’alliance de l’intelligence au service de l’énergie animale…. bref, des gardiens du temple d’un niveau parmi les plus élevés de la civilisation ! Vous imaginez bien que je me faisais un fête de peut-être capter quelque miettes de leur haute science qui m’aurait éclairé dans le tunnel où je me fourvoie depuis si longtemps…!

HÉLAAAAAAAAAAAAAAAAS !!!!!! Force fût de constater que nous étions tombés sur l’un des indiens les plus ARYTHMIQUES de tout le continent !!!!!!!! Je me disais : choc des cultures… incompréhension de mes rythmes… tension… manque d’ouverture de ma part… mais tout a confirmé mon intuition première : même sur ses propres rythmes, en dansant, en frappant des mains… Les autres indiens arrivaient à sentir et marquer le temps…. Mais bon, contre mauvaise fortune, bon coeur…. nous ferons équipe ensemble au service du spectacle …. ”

Gabi.

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les choses se précisent…

Les choses se précisent…..

Maintenant que les présentations sont faites, le vrai travaille commence. Il faut que ça avance car la première est dans deux jours…

Aujourd’hui, il faut régler le problème des accessoires : le rideau de scène est arrivé ( coupé en 3 morceaux au lieu de 2, mais bon il est là !), Margot et Maria testent leur planche à flamenco et claquettes ( un vrai music-hall! ) sous l’oeil ébahi des indiens présents.

Côté répétitions, mise en place du tour de magie humoristique ( avec des gens qui disparaissent et qui apparaissent et qui disparaissent et qui apparaissent …! ) pour le plus grand bonheur du public improvisé qui vient de plus en plus nombreux mettre timidement son nez dans la porte entrouverte… jeunes, vieux, hommes, femmes… Certains plus téméraires viennent tout naturellement s’asseoir comme la voisine d’en face et sa fille Ana qui fait craquer tout le monde avec sa petite robe rouge et sa bouille de petite souris.

Côté musique, il y a encore du boulot… Gabi est un garçon très patient mais il s’arrache un peu les cheveux pour garder ses acolytes en rythme… ça va le faire !

Vincent

Voici à suivre un petit mot de Maria :

” Aujourd’hui déjà le deuxième jour de répétitions… Sans que l’on n’ait rien annoncé, on a de plus en plus de public, les gens du quartier, les enfants, les mamans … Ils viennent dans la salle, ils s’assoient, regardent et souvent rigolent alors que ce n’est qu’une simple répétition… donc ça fait plaisir… très plaisir !

Une petite fille (Ana) que l’on voit depuis hier attrape des fous rires assez contagieux, elle est mignonne comme tout. Quand on sort nos pouces qui font de la lumière rouge et qu’on se les envoie comme si c’était des bisous, elle ne comprend pas… On est tous en train de craquer devant elle … qu’est ce qu’elle est belle !

Voilà c’était une bonne journée de répét… ensuite une petite bière en récompense ( c’est la tradition !) et pour dîner j’ai pris un “poulet mandchouri” et c’était tellement piquant que ça m’a emporté la cervelle ! Bonne nuit.”

Maria.

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POST-SCRIPTUM UTILISATION DU BLOG :

pour ceux d’entre vous qui sont inscrits à la newsletter, vous n’avez reçu dans votre boîte que le deuxième article daté du 25/01 car le premier daté du 24/01 a été écrit trop tard pour être posté (voyage, retard, décalage horaire, trouver un cyber-café adéquat… mes excuses sont plates) néanmoins vous pouvez toujours le consulter en allant sur le blog et en cliquant sur la date correspondante sur le petit calendrier à droite…

Dans le vif du sujet…

Le 24 janvier, suite…

À peine sortis de la torpeur d’une courte sieste et quelques boulettes de riz plus tard, tout le monde se retrouve dans cette petite salle commune de l’association Volontariat nichée au coeur d’un quartier plutôt résidentiel de Pondy.

Rencontre et découverte mutuelle avec les comédiens et musiciens indiens qui intégreront le spectacle… On plonge directement dans le vif du sujet, on s’apprend des “trucs de clowns” et des pas de danse pour mettre au point la chorégraphie finale sur un tube local. Dehors, les enfants, attirés par le bruit, tentent de comprendre ce qui se trame ici…

Vincent

Et voici donc la “photo officielle” de la troupe des Clowns Sans Frontières, Inde 2008. De gauche à droite et de bas en haut: Arivazhagan, musicien; Tintin Orsoni, artiste de cirque; Elumalai, comédien; Doriane Moretus, metteur en scène; Perumal, comédien; Maria Monedero, comédienne; Margot Mclaughlin, comédienne; Benoit Blanc, comédien et Gabi Levasseur, musicien.

Voici à suivre un petit mot de Doriane sur cette première journée de travail:

” Nous sommes épuisés et excités à la fois… Aujourd’hui, c’était pour certains les retrouvailles avec l’Inde, les odeurs, les klaxons et les saris chatoyants. Pour d’autres, c’est la découverte ! On ne réalise pas encore très bien qu’on est là, à l’autre bout du monde… après une nuit d’avion, cette aventure s’annonce différente de la précédente (janvier 2006), le choc du tsunami s’est estompé, des villes et des vies se sont reconstruites durant ces deux années.

Et puis pour la première fois, nous allons embarquer deux musiciens et un comédien indiens dans l’équipe. Vérification faite en improvisation, l’un des musiciens s’avère plutôt comédien… Que faire ? Un musicien complètement arythmique demandera de notre part beaucoup de patience et d’imagination mais on décide de tenter l’aventure quand même. Enfin, ce sera surtout Gabi qui va essayer de créer un univers commun. Aujourd’hui, nous avons défriché le terrain dans la joie et la bonne humeur. Demain démarre vraiment ce joli challenge artistique et humain ! Argh… Je m’écroule de fatigue… Bonne nuit. ”

Doriane.

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le premier tchaï…

le premier tchaï …

Aujourd’hui c’est la première journée, la longue journée du voyage et la riche journée des premières fois… une journée comme on aimerait en vivre tous les jours… une journée où l’on se réveille trop tôt à Paris et où l’on arrive fourbu à Pondichéry …

On boit notre premier tchaï à peine sortis de l’aéroport de Madras dans un incroyable décor de “design indien”, on fait le plein d’images sur la route, juste de quoi alimenter les rêves à demi éveillés d’une petite sieste irréelle du matin avant de repartir pour une après-midi de répétitions…

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