9 février 2008

Clowns des villes, Clowns des champs

 

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Nous sommes à la campagne… nous contemplons la vie paysanne rythmée par ses rites millénaires, par les saisons… C’est en voyant sa province que l’on comprends mieux un pays… son développement, son urbanisme anarchique fait de paysans tentant leur chance “à la ville” et se retrouvant à vivre dehors en attendant des jours meilleurs. C’est d’ici aussi que l’on sent le mieux le poids des traditions…

 

Ce soir,  un quartier d’intouchables… nous sommes accueillis par une association qui s’occupe d’enfants handicapés moteurs et mentaux mais nous jouons pour tout le monde sur une place… côté pile, un décor magnifique avec un temple en fond de scène… côté face, un terrain détrempé par la pluie qu’il faudra écoper afin que le public ne patauge pas dans la gadoue, des sacs en plastique échoués au gré du vent, des singes… La nuit tombe, le spectacle commence… Le générateur ne permet d’alimenter que deux projecteurs sur les cinq habituels… suffisamment pour éclairer un peu la scène et le temple qui se détache encore un peu du ciel bleu nuit… sans doute l’un des plus beaux décors, normal ce soir c’est déjà la vingtième représentation… ça se fête ? Il fait trop noir pour que mon appareil “voit” le public mais mes oreilles témoignent de leur joie pendant le spectacle.

 

Vincent

 

Temps suspendu…

 

Après une longue route (7 heures), nous voilà enfin arrivés à Gengapuram. Petit village où nous allons rester cinq jours… Notre partenaire s’appelle Armstrong ( et oui… il est né je jour où…), il a fondé une association “Nilahome” en partenariat avec plusieurs associations européennes ( françaises, allemandes, hollandaises…). Il développe plusieurs projets sur le village : des microcrédits (achat de vaches, chèvres, puits, petits commerces…), un atelier d’artisanat pour les femmes, un dispensaire et une école. Nous sommes accueillis par toute la famille, c’est très émouvant de revoir les enfants que nous avions rencontré il y a deux ans…

 

A cette époque, on avait été touchés par “Praveen” un jeune garçon de 14 ans… Aujourd’hui, il a la moustache naissante et le sourire radieux. Je lui offre un tee-shirt de clowns, il le met immédiatement… Il y a deux ans, son père voulait qu’il arrête l’école pour travailler dans les rizières… Alors Armstrong a subventionné ses études… A la question que veux-tu faire plus tard, il réponds : “nurse” ( infirmier). Je le lui souhaite vraiment…vraiment.

 

Ici, les enfants sont très doux, chantent plein de chansons et nous font faire le tour de leur village. Le temps semble comme suspendu, nous sommes réveillés par le chant du coq ( pas que…. mais restons bucoliques ! ). Aujourd’hui, il pleut fort, on patauge dans la boue mais c’est un moment de calme, on parle avec les villageois, on fait un peu de lessive, on discute… On attends pour voir si on pourra jouer ou non… On fait un premier bilan du temps écoulé. Un voyage comme celui-ci remue beaucoup de choses… En voyant les enfants surtout mais aussi les adultes si souriants, si joyeux malgré l’extrême dureté de leur vie, on se sent un peu “ridicules” avec nos besoins “indispensables” pour être heureux… Nous qui avons tant de “certitudes”, nous qui pensons toujours savoir “comment” il faut faire . Quelle place pour la famille ? Que faisons nous de nos vieux ? Quel sens le mot ” fraternité” ? Ici, le mot solitude n’existe pas.

 

Nous partageons avec notre petite troupe éphémère tous ces jolis moments de grâce. On monte une équipe pour ses qualités artistiques mais aussi pour son humanité et sa générosité… Alors merci mes amis pour tous ces instants d’émotion partagés et définitivement ” I love India”.

 

Doriane.

 

 

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