31 janvier 2008

A l’école des garçons

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Ce matin nous avons été perturbés par la violence qui régnait dans cette école située dans un village d’intouchables à 1/2 heure de Pondichéry. Tout commence par le spectacle d’une classe à ciel ouvert ( par manque de place) où le professeur impose sa stature de demi-dieu par le châtiment corporel d’élèves qui ont eu de mauvaises notes. Après une humiliation en règle devant le reste de la classe, il les force à se courber en les tirant par les cheveux et leur assène de véritables coups de poing dans le dos.
Pour nous, petits français élevés à la sauce Dolto (merci Françoise !), cette image est absolument insupportable mais elle semble très courante ici. Les flics aussi sont d’ailleurs munis de matraques longues comme le bras et n’hésitent vraiment pas à s’en servir. On est bien loin du cliché baba d’une Inde rêvée où tout le monde serait pacifiste et non-violent. Ici, comme dans beaucoup d’autres sociétés traditionnelles, la foule et les jeunes, ça se gère à la trique… À cela s’ajoutent les abus d’autorité de petits chefs - incarné ici par la vice principale, un bon gros Dieu à elle toute seule - qui avait décrété que seulement une partie des élèves assisteraient à cette heure de spectacle car les autres devaient réviser leurs examens pour le mois de Mars !!! Vous imaginez 200 jeunes assis à attendre le spectacle et les 300 ou 400 autres collés aux fenêtres. On négocie et finalement, ils descendent… Durant le spectacle, les surveillants font n’importe quoi sous prétexte de corriger certains qui s’agitent et ne font que créer des mouvements de foule irrationnels… Les enfants sont survoltés par le spectacle, la vapeur s’échappe un peu de la cocotte-minute, on lit néanmoins sur leurs visages le bonheur de pouvoir s’échapper le temps d’un éclat de rire ou d’un regard fasciné sous la jupe de Margot.

La journée se poursuit dans un village pêcheurs où nous arrivons pile au milieu de funérailles. Nous restons interdits à regarder la famille du défunt parader… On se dit que ce n’est peut être pas le meilleur moment pour venir jouer… Le doute s’installe. Finalement, le frère du défunt nous dit qu’il faut jouer, le chef du village aussi. Alors, on y va… Dans des conditions très difficiles, une toute petite place où il y a beaucoup de passage et des autocars qui s’arrêtent tous les quarts d’heure. Pourtant, c’était sans doute l’un des plus jolis spectacles depuis le début de cette mission. Comme enfermé dans un écrin, une toute petite boîte à musique et des enfants particulièrement doux et fascinés.

Vincent

Les questions qui brassent.

On est confrontés à deux types de violences, d’une part celle de la super discipline et de l’autre celle des enfants qui veulent tout voir, se lèvent, se déplacent, se rapprochent, parlent, crient, lancent des projectiles ( probablement pas méchamment ) quand on leur demande de faire semblant de jeter quelque chose. C’est la première fois - pour ma part en tous cas - qu’on se sent un peu bizarre après le spectacle, est-ce parce que c’est une école de garçons ? que l’on est en milieu proche urbain ? On a un peu la même sensation que si on avait joué en cité. Les réactions sur les scènes d’amour sont éloquentes. En ce pays où l’on voit très peu de contacts entre femmes et hommes, cette rencontre d’un homme et d’une femme en plein émoi amoureux… qui se découvrent et accordent leurs corps (le tout transcendé par la danse, je vous rassure !) résonne en un trouble charmant…

Je sens Tintin très affecté, très questionné… Étant très empathique, je ne suis pas serein et voudrais essayer de l’alléger de quelque chose. Nous avons à plusieurs une discussion le soir sur notre place, la bonne distance, le fait de speeder beaucoup et peu rencontrer les gens, les aléas de l’organisation avec un partenaire ici en Inde … Enfin de toutes ces questions qui nous brassent quand nous faisons ce genre de mission.

Gabi.


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PS1: je ne sais pas si ce genre d’informations parvient jusqu’à Paris mais l’Inde est victime d’une énorme panne d’internet, j’ai donc pu sauver les meubles aujourd’hui en me connectant depuis mon propre téléphone. Je ne sais pas si je pourrais le faire à nouveau… Si vous ne recevez rien pendant quelques jours, vous en connaissez la raison…

PS2: N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires, ça fait toujours très plaisir de vous lire. Mes plates excuses au Petit Robert pour les quelques fautes d’orthographe qui doivent se glisser ici ou là… mais le temps me manque pour la relecture.